Réflexion de la semaine

 

« Pour que vous portiez du fruit »

L’Évangile d’aujourd’hui nous présente diverses réalités surprenantes qui portent à ambiguïté:

Les Galiléens massacrés par Pilate pendant qu’ils offrent un sacrifice à Dieu.

18 personnes tuées par la chute de la tour de Siloé.

Alors ces tragédies comme le verglas, les guerres, les catastrophes naturelles sont-elles des punitions de Dieu? Ces morts sont-elles voulues par Dieu? Dieu est-il masochiste en laissant souffrir ceux qui l’aiment et se dévouent pour lui?

Évidemment le curé en moi répond tout de suite que Dieu ayant créé le genre humain libre, il ne peut pas éliminer le mal du monde, mais il s’y est rendu présent par le Christ, par la force de solidarité des humains, par l’espérance de sortir plus fort d’une souffrance. « Ce qui ne tue pas nous rend plus forts ».

Voilà la troisième image de l’Évangile d’aujourd’hui: la parabole du figuier. Il faut savoir que les racines du figuier tirent le plus riche du sol au détriment des autres arbres qui l’entoure pendant dix ans avant de commencer à produire des figues. Et voilà trois ans que celui de la parabole ne produit rien (13 ans qu’il épuise le sol). Le propriétaire trouve que c’est assez: « coupe-le ». Le vigneron prend sa défense: «  Laisse-moi encore bêcher et mettre du fumier ». Il implore sa conversion.

Et si le fumier dans nos vies s’appelait: nos défauts, nos limites, nos peurs, nos misères, … c'est-à-dire toutes ces réalités qui nous replient sur nous-mêmes ou qui nous font grandir si on réussit à les dépasser.

Un auteur inconnu avait publié un jour un article qui avait pour titre: comment être misérable? Il nous donnait des bons trucs pour cela. Écoutez ce qu’il disait: « Pense à toi-même. Parle de toi; utilise le « je », le « moi », aussi souvent que possible. Écoute bien ce que les gens disent de toi. Attends-toi toujours d’être apprécié. Méfie-toi! Sois jaloux et envieux tant que tu peux. Ne te laisse pas manger la laine sur le dos. Ne pardonne aucune critique. Insiste toujours pour que les autres te respectent, qu’ils soient toujours d’accord avec toi sur tout. Boude ceux et celles qui ne sont pas reconnaissants envers toi. N’oublie jamais les services que tu as rendus. Évite de faire tes devoirs si tu le peux. Fais-en le moins possible pour les autres… »

Si nous faisons tout cela, nous aussi, nous allons rester misérables, toujours dans notre orgueil, nous allons végéter jusqu’à la fin de nos jours. C’est comme si on marchait dans un grand fossé. On ne voit rien de nouveau, toujours la même vie plate. On vit sans produire de fruits qui pourraient être utiles aux autres… Et on sèche: c’est la mort à petit feu.

Comme le figuier, on ne produit pas toujours les fruits escomptés. On ne sait pas toujours ce qu’on pourrait produire. Dieu ne nous demande pas d’être performant ni d’épater les autres. Il nous demande simplement de le suivre et de donner dans nos vies la priorité à l’être que nous sommes plutôt qu’à l’avoir qu’on pourrait posséder.

Gilles Baril, prêtre

Unité pastorale Montréal-Nord