Réflexion de la semaine

 

« La grandeur des petits »

Un jour, un roi engagea par charité un jeune berger à son service. Il s’avère que le jeune homme fait preuve d’une grande sagesse et d’un dévouement exemplaire. Le roi le nomme intendant du Royaume. Ses fils, jaloux du berger et voyant en lui un danger pour la succession décide de ternir sa réputation. En effet, l’intendant se rend chaque midi dans une pièce retirée du château. Que va-t-il y faire? Les fils du roi disent à leur père: « Sous ses airs angéliques, il vous vole… »

Le roi autorise une fouille de la chambre mystérieuse. On n’y trouve qu’une vieille paire de chaussures et un pauvre vêtement en peau de mouton. Le roi demande des explications à son homme de confiance. Celui-ci lui explique:

« Quand je suis entré à votre service, je n’avais que ces misérables vêtements. Tout ce que je suis devenu, c’est grâce à vous. Alors, chaque jour je reviens dans cette chambre pour me rappeler que sans vous, je ne suis rien et à chaque fois, je quitte ces lieux avec la ferme conviction de ne jamais vous décevoir même si parfois je suis confronté à du mépris ou des sarcasmes de la part des gens riches du Royaume… »

Voilà une belle illustration de la confrontation entre Jésus et les autorités religieuses de son époque. On ne comprend pas la source de son agir alors on le fait passer pour un possédé par Béelzéboul.

En ayant connu la misère et la souffrance, le jeune berger exerce son autorité avec un pouvoir de compassion et de mansuétude et non comme quelqu’un qui exige et écrase les plus petits que lui.

Ainsi en est-il du Christ: il accueille l’incompréhension, les sacrifices et les humiliations, car il sait dans son for intérieur que cette route conduit vers un plus grand bonheur. Il sait que la douleur de la souffrance finit toujours par passer tandis que la beauté de l’œuvre de Dieu demeure. « On attire vers Dieu, disait Péguy, non pas en pointant du doigt la laideur du monde, mais en montrant les merveilles qui se vivent autour de nous ». Qui sait demeurer bon reste invincible. La beauté et la bonté sont la signature de Dieu.

Permettez-moi de relever brièvement deux réalités de l’évangile d’aujourd’hui:

  • Le blasphème contre l’Esprit-Saint: il s’agit de savoir comme une certitude que Dieu est là et de le nier ouvertement pour ne pas permettre à d’autres de le reconnaître. Jésus dit aux pharisiens: « Vous possédez toute la connaissance de Dieu, mais vous avez fermé la porte à clé et vous avez jeté la clé pour éviter que quelqu’un puisse accéder à cette connaissance ».

  • Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère: demeurons fiers d’être de la famille du Christ, une famille qui va au-delà des liens charnels, une famille qui se construit au jour le jour dans le désir de travailler à l’œuvre de Dieu puisque « Dieu construit pour nous dans les cieux une demeure éternelle qui n’est pas l’œuvre des hommes » comme le dit St-Paul dans la 2e lecture d’aujourd’hui.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord