Réflexion de la semaine

 

La foi se propage sans discours.
(Jean 4, 5-42)

      Chez les premiers chrétiens, le temps du carême est un temps privilégié pour préparer les catéchumènes à recevoir le baptême à l’occasion de la célébration de la veillée pascale. Et nous commençons avec l’évangile d’aujourd’hui une série de trois catéchèses sur le baptême. Le texte de la Samaritaine nous présente Jésus comme la source d’eau vive qui est un don de Dieu inépuisable.

      La semaine prochaine, nous verrons le Christ-Lumière avec le texte de l’aveugle-né et dans deux semaines, nous découvrirons le Christ comme Résurrection et Vie avec la résurrection de Lazare.

      Pour l’instant, regardons de plus près l’épisode de la Samaritaine : une femme va puiser l’eau au puits comme elle le fait chaque jour. Elle voit un homme qui se repose près du puits. Jusqu’ici rien d’extraordinaire. Sauf que la femme va au puits à midi au lieu de s’y rendre avant le lever du soleil comme les autres femmes de son village. Puis l’homme qui se repose est un juif et les Juifs ne s’adressent pas à des femmes. Il se met même en situation de dépendance en lui demandant à boire.

      La Samaritaine est rejetée par ses concitoyens : elle vit avec un sixième homme qui n’est pas son mari. Ça en prend moins que ça dans un village pour faire jaser tout le monde. Et voilà que la voleuse de maris se fait offrir l’eau vive, c’est-à-dire une eau qui n’est pas corrompue par la soif de domination, par l’appât du gain et du prestige, par le désir de s’enrichir au détriment des autres, par le fast-food du spontané et de la facilité.

      L’eau vive de la relecture de nos vies à la Lumière du respect des différences et de la compréhension des pièges mal surmontés. L’eau vive des efforts pour repartir à neuf, des dépassements nourris par l’écoute attentive des émotions. L’eau vive de la solidarité réconfortante.

      C’est ainsi que la Samaritaine après une relecture en profondeur de sa vie est à ce point dynamisée qu’elle court dans son village pour témoigner son expérience de Dieu. Elle est tellement transformée que tous oublient leurs préjugés pourtant coriaces pour venir avec elle à la rencontre du Messie juif. Le feu sacré de la Samaritaine est tel que même les conflits raciaux n’ont plus d’importance. Et tous diront après l’avoir entendu : « Nous savons que c’est vraiment lui le Sauveur du monde ».

      Terminons cette réflexion sur une note d’humour : savez-vous comment faire boire un âne qui n’a pas soif? Vous pouvez tirer sur l’âne, le battre, le forcer : il ne bronchera pas. Le seul moyen de faire boire un âne qui n’a pas soif est de mettre à ses côtés un autre âne qui a soif. L’âne entêté se mettra à boire allègrement.

      Voilà notre mission (et celle de la Samaritaine) : donner le goût aux autres d’aller puiser à la source qui les habite à l’intérieur d’eux-mêmes : faire le passage du témoignage à l’intériorité là où l’Esprit les habite et les transforme pour faire d’eux de nouveaux témoins du Christ au quotidien.

Gilles Baril, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord