Réflexion de la semaine

 

« Je ne connais pas cet homme. » (Jean 1,29-34)

      On a toujours reproché à St Pierre cette affirmation qui fut sa plus grande peine car elle constituait une trahison de son ami et de son maître. Pourtant Pierre ne faisait qu'affirmer une chose qui était bien réelle pour lui. L'homme que l'on présentait devant lui couvert de plaies à cause des coups reçus, méconnaissable à cause de la fatigue du chemin de la croix. Cet homme-là, Pierre ne le reconnaissait pas. C'était impossible que ce soit lui. Son maître, son ami, lui, le plus beau des enfants des hommes, devenu si laid à cause de la méchanceté des hommes, Pierre ne pouvait absolument pas le reconnaître. Voilà pourquoi il affirme avec véhémence et par trois fois. « Je ne connais pas cet homme. »

      Il nous est demandé à nous aujourd'hui de reconnaître Dieu dans le pauvre, le démuni, l'itinérant, le sidéen, le misérable, le laissé pour compte, le rejeté de la société. Avouons tout simplement que c'est beaucoup nous demander et que si nous n'y arrivons pas du premier coup nous ne devons pas nous compter pour battu. Il nous faudra recommencer, regarder par deux fois et même trois fois, et même alors. Nous ne sommes pas tous des « mère Térésa ».

      Mais revenons à Jean Baptiste. Il répète par deux fois dans le court évangile de ce jour: « Je ne le connaissais pas: mais... »

      Il ne pouvait pas ne pas connaître Jésus, c'était son cousin. Ils sont nés à six mois d'intervalle et ont même fait connaissance avant de naître au moment de la Visitation de Marie à sa cousine Élizabeth. Ils se sont sûrement rencontrés dans leur jeunesse. Ils sont peut-être même allés à l'école ensemble, la petite ou la grande école. Mais celui que Jean connaissait, c'était son cousin, le fils de Marie et de Joseph, qui habitait Nazareth, qui jouait avec ses amis, qui fréquentait la synagogue, un jeune homme sérieux mais bien humain.

      Aujourd'hui Jean Baptiste nous fait part d'une révélation qu'il a eu et celle-ci va changer totalement son regard sur celui qu'il croyait connaître. Voyant venir Jésus Jean dit : « Voici l'Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde. » Plus loin, Jean rend ce témoignage: « J'ai vu l'Esprit descendre du ciel et demeurer sur Lui. Celui qui m'a envoyé baptiser dans l'eau m'a dit: « L'homme sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est celui-là qui baptise dans l'Esprit Saint. » Oui j'ai vu et je rends ce témoignage: c'est lui le Fils de Dieu. »

      Voilà qui change tout. Jésus pour Jean n'est plus le cousin, l'ami, le frère, il est l'Agneau de Dieu, il est le Fils de Dieu.

      Nous pouvons connaître par cœur toute la vie de Jésus, ses paroles, ses miracles, tous ses faits et gestes, mais tant que nous n'aurons pas accédé à cet acte de foi: c'est lui le Fils de Dieu, nous devrons toujours dire avec le Baptiste; Je ne le connaissais pas.

      Seigneur, fais que j'apprenne chaque jour à te connaître davantage.

Jean Jacques Mireault, prêtre

     Unité pastorale Montréal-Nord