Réflexion de la semaine

 

« Jésus gravit la montagne ». La ressemblance avec Moïse sur le mont Sinaï est marquante. À la différence près, que la Loi dont parle Jésus, n’est plus gravée sur la pierre, mais dans les cœurs. Tout le sermon sur la montagne indique un art de vivre plus humain. Les béatitudes en sont le prélude. Aussi, le bonheur, dont parle Jésus, est à construire au jour le jour. Chacune des béatitudes nous met en marche, en appétit de les voir pleinement réalisées.
« Heureux ceux qui ont un cœur de pauvres ». Ainsi commence l’enseignement de Jésus. Certaines personnes l’entendent comme une exhortation à ne pas s’attacher aux richesses, en somme, à être désintéressées des biens matériels. Mais ce n’est qu’un aspect de la réalité. Je préfère dire avec Saint Matthieu : les pauvres de cœurs, ce sont ceux et celles qui sont « en manque ». D’éternels insatisfaits. Ils sont à la recherche de ce qui comblera leur cœur, ils se rendent disponibles, ouverts à Dieu et aux autres.
Tel Sophonie
qui « cherche le Seigneur », « cherche la justice » ; « cherche l’humilité ». Tel l’Apôtre des nations qui met son « orgueil dans le Seigneur », car il ne se fait pas d’illusion sur lui-même ni sur le monde. La vertu de « pauvreté » est la clé pour pratiquer la miséricorde et vivre en artisan de paix. C’est une lutte de tous les jours. Car il ne suffit pas de ne pas faire le mal, mais de s’engager pour le bien, au risque d’être insulté, calomnié, incompris.
Pour suivre cette voie, il faut être un peu fou.
Car « ce qu’il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages, ce qu’il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort. »
Dans un monde où règnent la violence et l’injustice, Jésus répond par la douceur et le partage. Le pauvre est celui qui est assoiffé de justice, il ne se satisfait jamais d’un bonheur individuel, dégusté dans son coin, à l’abri des autres. Ce faisant, il gagne tout et se rend libre d’aimer comme Jésus. Telle fut la conversion d’un certain François d’Assise dont la vie continue d’inspirer. Écoutons-le :

Là où est la haine, que je mette l'amour.
Là où est l'offense, que je mette le pardon.
Là où est la discorde, que je mette l'union.
Là où est l'erreur, que je mette la vérité.
Là où est le doute, que je mette la foi.
Là où est le désespoir, que je mette l'espérance.
Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.
Là où est la tristesse, que je mette la joie.

 Ô Seigneur, que je ne cherche pas tant
à être consolé qu'à consoler,
à être compris qu'à comprendre,
à être aimé qu'à aimer.

 Car c'est en se donnant qu'on reçoit,
c'est en s'oubliant qu'on se retrouve,
c'est en pardonnant qu'on est pardonné,
c'est en mourant qu'on ressuscite à l'éternelle vie."

 En définitive, ce que Jésus nous propose, ce ne sont pas des commandements à observer, mais un bonheur à construire. Nous avons tout en nous pour réussir, pour autant que nous acceptions de marcher à la suite du Christ qui, le premier, a tout donné par amour pour nous. Ils sont nombreux ces hommes et ses femmes qui ont choisi cette voie d’humilité et leur discours passe plus par ce qu’ils font que par ce qu’ils disent. Avec eux, choisissons d’être libres pour mieux aimer Dieu et nos frères et sœurs.

 Richard Depairon, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord