Réflexion de la semaine

 


Les 300 du Seigneur

Bien des gens ont vu le film 300, sorti en salles au début de 2007. Le film relate une version romanesque de la bataille des Thermopyles entre les Spartiates et les Perses en 480 avant Jésus-Christ. Selon le film, qui s’appuie très peu sur l’histoire réelle, le roi spartiate Léonidas aurait fait le pari de renverser la gigantesque armée perse avec seulement ses 300 guerriers les plus valeureux, d’où le titre de l’œuvre. Éloge de la force et du courage humains.

Peu de gens le savent, mais le concept du film est tiré de la Bible. C’est Isaïe qui, en ce dimanche, nous met sur la piste, en prophétisant au sujet des symboles de l’esclavage du « peuple qui marchait dans les ténèbres » : « tu les as brisés comme au jour de la victoire sur Madiane ». C’est au septième chapitre du Livre des Juges qu’on en apprend davantage sur cette victoire sur Madiane : Gédéon se prépare à assaillir la ville avec 32 000 hommes quand Dieu lui interdit d’attaquer avec une telle force, de peur qu’Israël se glorifie de ses propres exploits en oubliant qu’il doit tout à l’action de Dieu. Ce n’est qu’après une épreuve où sont seuls retenus les 300 soldats qui « lapent l’eau comme un chien avec sa langue » que Gédéon est autorisé à assiéger victorieusement Madiane.

Le contraste ne saurait être plus vif entre les deux récits : d’un côté, le film souligne la bravoure orgueilleuse de Léonidas et de ses hommes; de l’autre, le texte biblique valorise l’obéissance de Gédéon, sa soumission à  l’élection d’un Dieu qui veut éviter que son peuple s’enorgueillisse, donc s’éloigne de Lui. Remarquons-le : l’élection des guerriers n’est pas réalisée selon le critère de vaillance, mais selon le choix libre et gratuit de Dieu. Que ce dernier forme l’armée du peuple élu à partir de ceux qui boivent à la manière d’un chien, voilà une illustration claire que Dieu préfère les humbles aux braves orgueilleux ! Souvenons-nous de cette syro-phénicienne qui touche le cœur de Jésus en se comparant à un petit chien se contentant des miettes du pain servi aux enfants (Mt 15, 21-28) !

Pareillement, dans l’évangile de ce dimanche, Jésus ne recrute pas ses disciples parmi les grands du monde de l’époque : il appelle de simples pêcheurs. Évidemment, cela ne signifie pas que seules les personnes d’humble condition reçoivent une vocation de la bouche de Dieu : tous sont appelés, tous ont une vocation ! Seulement, quand Dieu appelle, ce n’est pas la personne dans sa grandeur aux yeux du monde qui est concernée, mais la créature disposée  à tout recueillir des mains de son Créateur, le fils ou la fille recevant vie, amour et mission du cœur de son Père. Si nous voulons faire partie des « 300 du Seigneur », le seul héroïsme qui peut nous qualifier en est un d’humilité, à l’image de l’héroïsme du Fils qui « s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (Ph 2, 8).

Jonathan Guilbault, séminariste

     Unité pastorale Montréal-Nord