Réflexion de la semaine

 


Ce Dieu qui nous sauve…

 

Jésus est-il le vrai et l’unique Sauveur de l’humanité ? Y a-t-il lieu d’attendre un autre sauveur pour établir enfin la justice et la paix sur terre? Ces questions, tout le monde les a sans doute déjà entendues, sinon posées. Elles font écho à la question que Jean le Baptiste posait de sa prison : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? »

C’est que Jean le Baptiste croyait en la toute-puissance de Dieu et il croyait aussi connaître la volonté de Dieu. Il était convaincu que le Seigneur en avait assez des injustices sociales et des hypocrisies religieuses. Il était certain que le Seigneur allait bientôt intervenir directement pour les faire cesser. Il pensait même avoir repéré celui qui serait l’instrument de ce grand nettoyage : Jésus de Nazareth.

Seulement voilà : Jean le Baptiste se retrouve à présent en prison. Il vérifie dans sa chair que la violence, l’injustice et le mensonge sont encore bien présents. Le grand nettoyage tant attendu n’est pas encore commencé, ne semble pas sur le point de commencer et ne commencera peut-être jamais sous la gouverne de Jésus. Il en vient donc à se demander si Jésus est bien le Messie promis, ou s’il convient d’en attendre un autre.

Il ne faut pas avoir peur de douter de la toute-puissance de Dieu ou de se poser des questions à son sujet. Même de grands prophètes ont vécu des temps de doute. Sachons adresser ces doutes et ces questionnements au Seigneur lui-même, et demandons-lui, comme Jean le Baptiste l’a fait, de nous dire s’il est celui qui doit venir ou si nous devons en attendre un autre.

Alors, le Seigneur nous fera sans doute entendre la réponse qu’il a fait parvenir à Jean le Baptiste dans sa prison : Regardez bien, regardez mieux, vous verrez que des aveugles voient malgré leur nuit ou leurs yeux qui en ont trop vu, que des boiteux marchent malgré leur handicap ou leurs raisons de ne plus avancer, que des lépreux sont purifiés malgré leur maladie ou leurs erreurs passées, que des sourds entendent malgré leur surdité ou leurs oreilles trop abusées, que des morts ressuscitent malgré leur solitude, et que des pauvres sont heureux malgré leur faim.

Tous ces signes avaient déjà été énumérés par le prophète Isaïe, comme moyens d’identifier le Messie à venir. Jésus les reprend à son propre compte, mais il ajoute cette petite phrase énigmatique : « Heureux ceux qui ne tomberont pas à cause de moi ». Tout ceux qui rêvent d’une toute-puissance de Dieu qui s’imposerait par la force risquent d’être déçus par ces signes; car, ce qu’ils voudraient, eux, c’est que le Messie fasse en sorte qu’il n’y ait plus jamais d’aveugles, de boiteux, de lépreux, de sourds, de morts et de pauvres dans notre monde.

Notre conversion consiste alors à reconnaître une autre forme de toute-puissance divine : celle d’un Amour désarmé, emmailloté et couché dans une mangeoire, celle d’un Amour dont le seul et unique objectif est d’éveiller l’amour des personnes qui font sa rencontre, celle d’un Amour préférant le risque d’être refusé par nous, plutôt que de s’imposer à nous.

Richard Depairon, curé-pasteur

     Unité pastorale Montréal-Nord