Réflexion de la semaine

 

Au nom du Christ,
ouvrons des chemins d’Évangile

Voilà donc nos deux hommes qui montent au Temple pour prier. Tous les deux croient en Dieu, tous les deux fréquentent le Temple. On sait d’emblée que le pharisien jeûne deux fois par semaine, qu’il donne dix pour cent de ses revenus. Il est donc tout aussi pieux et fidèle que le publicain dont Jésus fait l’éloge.

La seule différence entre le pharisien et le publicain réside dans l’attitude : le publicain reste humble et avoue sincèrement ses fautes et espère tout de Dieu ; le pharisien, au contraire, n’a pas vraiment besoin de Dieu, puisqu’il se considère déjà juste à ses yeux.

Faire la vérité en nous, comme l’a fait le publicain, suppose que nous acceptions notre fragilité, nos limites, nos faiblesses, notre péché. N’est-ce pas du bout des lèvres qu’on se déclare pécheur ? Au fond, on n’y croit pas vraiment. On se justifie facilement, on trouve des excuses pour éviter le blâme. Ça va de soit, puisque, à partir du moment où l’on s’avoue pécheur, on affirme aussitôt notre insuffisance et par là, notre besoin d’être sauvé.

Pourtant, comme dit Ben Sirac le sage : « Le Seigneur est un juge qui ne fait pas de différence entre les hommes ». Il n’est pas raciste et ne fait aucune discrimination. Il voit au-delà des apparences. Augustin disait juste : « Heureuse faute qui m’aura valu pareil rédempteur ». Nos péchés, aussi graves soient-ils, ne sont rien si on a le courage de revenir vers Dieu. Mais l’orgueil, par contre, méprise celui qui a le pouvoir de nous sauver.

Avez-vous remarqué que le pharisien ne parle que de lui. Il ne se tourne pas vers Dieu, il demande à Dieu de se tourner vers lui. « Je ne suis pas comme les autres, je jeûne, je donne… » N'est-ce pas que je suis un juste ? Mais il y a pire : il se compare avec les voleurs, les adultères, ou encore avec ce publicain… Le malheur du pharisien, c'est de mettre sa confiance en lui seul et en ses actes.

C’est ce qui fait aussi notre malheur. Plus occupés à nous disculper qu’à nous confesser ; plus préoccupés à nous comparer qu’à nous convertir. Qu’est-ce qui nous autorise à juger notre prochain ? De quel droit, pouvons-nous comparer des vies ? Mais c’est tellement plus facile de pointer du doigt, tellement plus sécurisant.

Le publicain, pour sa part, se tient à distance. Mais n’allez pas croire que ce soit un encouragement à rester au fond de l’église pour cacher notre retard ou pour filer plus tôt. C’est plutôt une invitation à prendre conscience de nos insuffisances.

Enfin, dans quel esprit venons-nous à la messe ? Contents de nous, suffisants, ou humbles et ouverts à Dieu ?

Richard Depairon
, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord