Réflexion de la semaine

 

La misère des gens riches !!!

Ah ! Si seulement Jésus nous avait présenté un mauvais riche, un bandit qui maltraite le pauvre, nous aurions pu respirer. Mais, il n’a rien de malhonnête ce riche. Il n’a pas battu Lazare, il n’a même pas ri de lui…

Le problème, c’est qu’il ne l’a tout simplement pas vu. Il l’a ignoré. L’indifférence rend totalement insensible et imperméable à l’autre et par voie de conséquence éloigne de Dieu qui se fait proche de ceux qui souffrent.

Jésus ne lui reproche nullement d’être riche, mais bien d’être aveugle et indifférent à la misère du pauvre qui gît à sa porte. Être riche n’est ni une faute ni un mal honteux. Mais une chose est certaine : il est difficile d’être riche et de rester ouvert au partage et à la compassion. Le luxe endort les individus, les sociétés et les nations.

De sorte que le riche n’est pas jugé et condamné parce qu’il est riche, mais parce qu’il ne voit pas le pauvre à sa porte, parce qu’il est muré dans son bien-être égoïste. Ce que Jésus condamne, en somme, c’est l’indifférence. Lazare parmi les chiens, « couché devant le portail », c’est-à-dire exclu de la fête ; le riche dans la maison, à la table du festin : deux mondes qui ne se rencontrent pas, séparés par le « grand abîme » que seul le riche pourrait franchir. Mais voilà ! Il ne l’a pas franchi sur la terre, il ne pourra jamais le franchir.

Les choix que nous faisons maintenant, nos gestes de solidarité ou d’exclusion, ont une conséquence dans l’au-delà. À première vue, on pourrait croire que cet éloignement est la conséquence d’un jugement de Dieu. En réalité, le fossé qui a été creusé et entretenu sur terre par le riche lui-même monte jusqu’au ciel. Le malheur du riche n’est pas seulement d’avoir été dur de cœur, mais dur d’oreille !

Jésus ne nous parle pas ici d’exploitation, de cruauté, de déni de justice, mais simplement de négligence. À l’abri dans notre confort, dans notre tour d’ivoire, nous laissons les pauvres avoir faim. Comme si ce n’était pas notre affaire ! Ne disons pas : « Je ne savais pas ». Nous aurions dû savoir !

Car, pour le Christ, ce pauvre n’est pas un anonyme. C’est Lazare. Il a un nom. Ce mendiant à la porte, c’est l’image de Dieu. Qui méprise un homme, les méprise tous et méprise Dieu. « C’est à moi que vous l’avez fait… c’est à moi que vous ne l’avez pas fait », dira Jésus.

Certes, nous sommes très ingénieux pour trouver des alibis à notre inertie. Devant la misère du monde, nous nous déclarons bien vite impuissants. Mais tout ce que Jésus nous demande ici, c’est de savoir écouter la détresse des personnes qui nous entourent, c’est de nous engager à la mesure de nos moyens, au nom du Christ et à la manière du Christ.

Richard Depairon, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord