Réflexion de la semaine

 

«C’est le Seigneur !»

Après toute une nuit, rien ! Leurs filets sont vides. Comme ça ressemble à notre Église ! Que d’efforts, que de travail, que de temps investi pour si peu de résultat. C’est toujours à recommencer. On se met à rêver, à s’enflammer, à se passionner pour un projet ou une méthode de catéchèse, puis on s’essouffle, on se décourage, on a le goût de tout lâcher. 

Et voilà les Apôtres ramenés à la case départ. Ils ont retrouvé leurs barques et leurs filets qu’ils avaient quittés deux ans auparavant. Pierre, lui, n’est pas encore remis de cette nuit tragique où il a renié son Maître par trois fois. Avec toute l’Église, il devra passer de l’illusion à la vérité ; du vide que creuse l’absence du Maître à la foi et enfin, de la démission à la mission.

Passer de l’illusion à la vérité, c’est tout d’abord reconnaître qu’ils ne peuvent rien sans Dieu. Nous-mêmes, nous nous sommes embarqués dans le même bateau. Après plusieurs années, que reste-t-il de tous ces efforts ? Nous ne contrôlons rien, ni le vent ni la mer ; nous ne contrôlons ni la vie ni la mort. Voilà notre premier passage obligé : celui de l’illusion à la vérité. Pour vivre l’Évangile, il nous faut d’abord reconnaître que sans Dieu nous ne pouvons rien.

Le second passage est celui de l’absence à la présence. Dieu est toujours placé sur une autre rive pour nous aider à vivre cet autre passage. Aussitôt qu’on reconnaît le vide de nos filets, Jésus trouve le moyen de le remplir de sa présence. De telle sorte que tous les passages deviennent possibles. Nous quittons l’angoisse de la nuit pour passer dans la lumière de la foi. Nous laissons la mer instable de nos émotions pour nous engager avec fermeté dans une véritable vocation. Nous passons de la faim à l’Eucharistie. Voilà les passages auxquels nous sommes invités. Voilà ce qui nous est donné à Pâques : passer de la grande absence à la grande Présence.

Le dernier passage est celui de la démission à la mission. Ce Pierre que Jésus a appelé dès les débuts, ce Pierre qui a proclamé : « À qui irions-nous, tu as les paroles de la vie éternelle. », c’est chacun de nous. Et à chacun, Jésus demande, non pas une profession de foi, mais une profession d’amour : « M’aimes-tu ? » Pierre ne se fait plus d’illusion : il reconnaît sa fragilité, il s’en remet à son Seigneur. Pierre a fait le saut de la foi, il est prêt à plonger avec le Christ. Oui ! Il est prêt pour la mission : « sois le berger de mes brebis. »

Trois passages : celui de l’illusion à la vérité ; celui de la peur à la confiance; et enfin, celui de la démission à la mission. Ces passages sont nécessaire à la vie de l’Église, alors restons dans la vérité, faisons confiance à Jésus et n’hésitons surtout pas à aimer à l’exemple de Jésus qui a donné sa vie.

Richard Depairon, curé-pasteur

     Unité pastorale Montréal-Nord