Réflexion de la semaine

 

Pauvre père !

Il a deux fils. Le cadet quitte la maison avec son héritage qu’il a réussi à arraché à son père avant même qu’il décède et l’aîné, qui ne comprend pas son père, refuse de considérer son frère qui revient à la maison. L’ingratitude du premier et l’incompréhension du deuxième brisent le cœur du père. Voilà la parabole que Jésus nous propose aujourd’hui.

Jésus n’invente pas la parabole de l’enfant prodigue pour le plaisir de raconter une belle histoire. Il s’adresse aux scribes et aux pharisiens qui récriminaient contre lui parce que « les publicains et les pécheurs venaient tous à Jésus pour l’écouter ». Ils ne supportent pas que cet homme « fasse bon accueil aux pécheurs et mangent avec eux ».

Pour le Juif, manger à la même table qu’un pécheur public, c’est pactiser avec le péché et l’impureté. Fait à noter : le retour du fils cadet, qui symbolise les publicains et les pécheurs, se termine par un grand repas de fête. Manifestement, Jésus, à travers le fils aîné, s’adresse aux scribes et aux pharisiens, qui sont ces Juifs religieux, observateurs de la Loi de Moïse, mais que Jésus critique ouvertement et sans ménagement parce qu’ils disent et ne font pas !

« …ton frère que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. »

Quelle est le message ? Le bon Dieu est bon. Mais encore, son accueil est sans limite et sa fidélité sans faille. Du reste, la parabole questionne aussi notre relation à Dieu. À qui ressemblons-nous surtout ? Au fils cadet qui cherche à s’émanciper de toute figure parentale et autoritaire ou au fils aîné qui jalouse le premier et agit bien à condition d’être récompensé ?

À la table eucharistique, nous sommes venus partager le même pain et la même espérance. Il y a parmi nous des gens biens et d’autres un peu moins bons. Il y a peut-être même des voleurs et des vrais égoïstes, ingrats et cupides. Il y a aussi des justes un peu trop étroits d’esprit, des radicaux et des intransigeants. Mais tous, nous partageons le même pain et la même espérance et le Père est heureux de nous rassembler, est heureux de faire corps avec nous. Voilà notre Église… elle est la sainte église des pécheurs, comme disait Rigal.

Pour tout dire, tout ce que le Père attend de nous, c’est qu’on agisse comme des fils et des filles. Pas plus, pas moins. De grâce, n’utilisons pas notre liberté pour nous asservir et n’espérons pas gagner le royaume à force de vertu et d’obligation. Ce que Dieu veut, c’est qu’on lui fasse enfin confiance. Est-ce trop demander ?

Richard Depairon, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord