Réflexion de la semaine du 17 janvier 2010

Il ne manquera

pas de vin !

Il est particulièrement significatif que Jésus ait manifesté sa gloire pour la première fois à l’occasion d’une noce. La joie de vivre ne demande qu'à éclater. L’espérance et toutes les promesses deviennent possibles. Et le signe que Jésus accomplit va dans ce sens. Tout le récit a valeur de symbole : les cuves, l’intervention de Marie et bien sûr, le miracle lui-même.

Six cuves, disions-nous… Ces cuves de pierre sont destinées aux ablutions rituelles des Juifs, précise l’évangéliste. Déjà deux questions se posent : d’abord que font ces cuves à des noces ? Elles n’ont aucun rapport, puisqu’elles devraient normalement être près de la synagogue là où se fait le rituel, non dans une maison particulière où se tient un repas de noces. Ensuite, que vient faire ici l’idée de purification légale à un mariage ? L’heure est à la fête, pas à la purification. Et puis, pour finir, elles sont vides, preuve qu’elles sont doublement inutiles…

Le message est clair : c’en est fini de ces vieilles histoires de pur et d’impur qui empoisonnaient la mentalité religieuse de l’époque. Comme si, avec Jésus, les cuves vides devaient désormais servir à autre chose qu’à se laver. Comme si Jésus voulait nous dire : c’en est fini de cette religion du pur et de l’impur, du permis et du défendu. À la place, Jésus nous offre un vin nouveau, symbole d’une religion d’amour. Certes, Jésus se défendra toujours de vouloir abolir la religion ancienne. Il n’est pas venu l’abolir, déclare-t-il, mais l’accomplir, lui donner tout son sens, sa pleine valeur. Ajoutons encore que ces cuves peuvent contenir cent litres. La surabondance marque le renouveau qu’apporte Jésus et son passage obligatoire de la Loi à l’Amour. En effet, Le vin nouveau de la nouvelle alliance est infiniment supérieur au vieux. 

Une autre chose étonnante dans ce récit : la relation de Jésus et de Marie, sa mère. Ce n’est pas le fait que Jésus appelle Marie « femme », et non « maman » : il parait que c’était d’usage à l’époque. Ce qui m’étonne davantage, c’est cette réponse : « Femme, que me veux-tu ? » L’expression est difficile à traduire, disent les experts. Certains ont écrit « Qu’y a-t-il entre toi et moi ? » D’autres, carrément, « De quoi te mêles-tu ? » En tout cas, Marie ne semble pas s’en offusquer, puisqu’elle dit aux servants : « Faites tout ce qu’il vous dira. » Elle a confiance. A-t-elle conscience de ce qu’elle demande ? Pouvait-elle deviner le miracle qu’elle suscitera ? Le fait est qu’à Cana, Marie provoque ce premier signe. Même si l’« heure » de Jésus n’est pas encore arrivée, Marie anticipe l’Alliance Nouvelle par une simple, mais audacieuse exhortation : « Faites tout ce qu’il vous dira ».

Au delà de la fête de Cana, c’est l’inauguration d’une autre fête, pour d’autres noces : les noces de Dieu avec son peuple renouvelé. Fini le temps de la promesse. Voici le temps de la grâce, le temps de l’amour. Par ce premier signe, Jésus tient à dévoiler qui il est et quel est le sens de sa mission : sauver l’humanité en lui proposant une Alliance Nouvelle. Tel est le premier signe.

 

Richard Depairon, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord