Réflexion du 3 janvier 2010

La mondialisation du salut !

Au-delà de la belle histoire des mages offrant leurs présents à Jésus, l’évangéliste veut nous dire une chose essentielle : Jésus est bel et bien le Messie attendu. Il souligne également le paradoxe : le Messie a été rejeté par son peuple. « Il est venu chez les siens », écrira saint Jean, « et les siens ne l’ont pas reçu ». En effet, Jésus n’a pas été reconnu comme Messie par les autorités juives qui connaissaient les Écritures. Ce sont des païens qui sont venus de très loin pour se prosterner devant lui et l’adorer.

Il y a pour nous une première mise en garde : ne jugeons pas trop vite d’après les apparences. Gardons-nous de coller des étiquettes aux gens, surtout en ce qui concerne la foi. Les personnes les plus proches du Christ ne sont pas nécessairement celles que l’on croit ! « Les religions du monde entier ont conduit l’homme à Dieu », nous rappelle le Concile Vatican II. À Jérusalem, où les docteurs de la Loi et les pharisiens prétendent connaître la volonté de Dieu, personne ne reconnaît en Jésus le Messie. Seuls de pauvres bergers et trois mages venus d’Orient osent croire l’impossible.

Au fait, qui sont ces mages ? Probablement des érudits, des spécialistes en astronomie et en histoire des grandes civilisations. Pour ces gens qui arrivent à Jérusalem, les étoiles sont des divinités.

Or, ce sont ces païens, grâce aux signes observés dans le ciel, qui se mettent en marche vers le Messie, celui que les Juifs attendaient comme leur roi et libérateur. Mais comprenons que si les mages ont vu l’étoile mystérieuse, c’est parce qu’ils scrutaient le ciel. Seuls ceux et celles qui cherchent peuvent trouver un signe d’espérance dans la nuit.

Lorsque les mages arrivent à Jérusalem, l’étoile disparaît comme par enchantement. L’étoile ne brille plus sur la ville sainte. C’est seulement après avoir quitté Hérode, que l’étoile réapparaît. Elle les précède pour indiquer le passage à vivre : de Jérusalem à Bethléem. Les mages dépasseront Jérusalem, symbole de puissance et de grandeur, pour trouver celui qu’ils cherchent dans une simple crèche. Le message est clair : Dieu se révèle rarement là où l’on croit.

Peut-être sommes-nous en train de vivre nous aussi un de ces passages d’une Église Jérusalem, avec son culte et sa structure bien déterminés, à une Église Bethléem, plus dépouillée et plus modeste, mais plus proche de la vie… l’Esprit nous précède toujours…

L’ouverture aux autres religions et aux autres convictions spirituelles ne diminue en rien la salutaire doctrine du Christ, mais nous oblige à rester humbles devant le mystère. Car « ce mystère », comme le dira si justement saint Paul, « c’est que les païens sont associés au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Évangile. »

 

Richard Depairon, curé-pasteur


     Unité pastorale Montréal-Nord