Réflexion de la semaine

Qui est le plus grand ?

 

Il y a dans ce récit un contraste saisissant : Jésus vient d’annoncer à ses disciples qu’il allait être livré aux mains des hommes, humilié, mis à mort, qu’il allait se faire « le dernier et le serviteur de tous ». Et au même moment, nous voyons ses disciples tourmentés par la compétition, convoitant la première place.

Marc a raison de noter qu’ils ne comprennent pas ce que leur a dit Jésus. Comme il est difficile de comprendre que notre vérité fondamentale, ce qui nous rend pleinement humain, ce n’est pas de prendre, d’acquérir, mais de donner et de se donner.

Même pour les disciples, les paroles du Maître demeurent incompréhensibles. Alors, Jésus recourt à une mise en scène : il prend un enfant, le place au milieu d’eux et l’embrasse. C’est un geste surprenant, presque provocateur, dans une société où l’enfant ne représente pas grand-chose aux yeux des adultes.

Comme il est difficile de comprendre que notre vérité fondamentale, ce qui nous rend pleinement humain, ce n’est pas de prendre, d’acquérir, mais de donner et de se donner.

Voici donc l’enfant au milieu des disciples, au centre de cette assemblée : celui qui ne comptait pas, devient le plus important. Et, Jésus prend alors la parole pour dire qu’accueillir en son nom un petit comme cet enfant-là, c’est accueillir Dieu lui-même, puisque, en se livrant aux hommes, il s’est fait le dernier et le serviteur de tous.

C’est comme si Jésus leur disait : vous n’accueillez pas vraiment l’enfant, parce qu’il est incapable de s’imposer. Eh bien, écoutez-moi : là où se trouve celui qui est incapable de se faire valoir, je me trouve moi-même.

Ainsi, accueillir l’enfant, c’est accueillir le Christ lui-même, livré entre nos mains, vulnérable, faible et dépendant. Lorsque nous sommes ainsi au service du pauvre, nous refaisons ce que faisait le Christ, qui s’est fait le serviteur de tous. Mais il y a plus : en refaisant ce qu’il a fait, nous lui devenons semblables.

Jésus renverse l’ordre établi. Depuis notre premier jour à l’école, comme dans notre vie professionnelle, politique ou sociale, on juge les plus grands de ce monde par leur capacité de performer. La sagesse inaugurée par Jésus, opère une véritable révolution dans cette échelle commune des valeurs. D’une façon abrupte, Jésus nous redit aujourd’hui, une fois de plus, que le premier, c’est celui qui se fait le dernier et le serviteur de tous.

Vous avez entendu le récit du livre de la Sagesse, écrit quelque cinquante ans avant Jésus Christ. Il évoque le drame d’un juste haï par ses contemporains, parce que ses paroles les contrarient… À l’évidence, cet homme préfigure Jésus.

 

Richard Depairon, curé-pasteur