Réflexion du 13 septembre 2009

Risquer l’avenir avec Jésus !

Dans l’évangile de dimanche dernier, la guérison du sourd-muet avait suscité l’enthousiasme de la foule : « Tout ce qu’il fait est admirable », disaient-ils. Sa bonté envers les petits et les exclus, ses paroles et ses gestes de solidarité lui on gagné la faveur du peuple. De telle sorte qu’on racontait tout ce que Jésus accomplissait.

C’est dans ce contexte que Jésus interroge ses disciples. Au début, ils ne tarissent plus d’éloges. Ils sont presque euphoriques comparant Jésus aux plus grands prophètes, tels Élie et plus proche encore, Jean-Baptiste. Mais Jésus fait peu de cas de ce que les autres disent de lui; ce qu’il veut plutôt savoir, c’est ce que pensent ses intimes, ses proches. Dès lors, il n’est plus possible aux disciples de se défiler derrière d’autres interlocuteurs, ils doivent exprimer leurs propres sentiments. Au nom de tous, Pierre proclame sa foi au Maître : « Tu es le Messie ».

Pour Pierre et ses compagnons, comme pour tout le monde à cette époque-là, le Messie, qu’on attendait depuis des siècles, était l’envoyé de Dieu, consacré par l’onction royale. Sur lui reposait la promesse d’instaurer l’indépendance et la grandeur d’Israël face à toutes les Nations, et en premier lieu face à l’occupant romain.

Jésus acquiesce à Pierre : il est bien le Messie, mais pas de la manière dont les gens se l’imaginent. D’où l’interdiction de divulguer cette vérité en public. Puis, au profit de toute la foule rassemblée, il enchaîne aussitôt en annonçant sa passion, qui est le véritable sens de sa mission.

Vous voulez marcher à ma suite ? Alors, il vous faudra accepter de renoncer à vous-mêmes et prendre votre croix « chaque jour », précise l’évangile.

Devrions-nous nous étonner de la réaction de Pierre ? Quelle contradiction, quel paradoxe ! Comment Jésus peut-il être le Messie et marcher vers la mort ? Comme Pierre, nous rêvons aussi parfois d’une Église très puissante… Voici que Jésus, pendant cette eucharistie, nous parle de la croix, et nous demande de nous effacer.

C’est à nous aujourd’hui, à vous comme à moi, que Jésus s’adresse. Vous voulez marcher à ma suite ? Alors, il vous faudra accepter de renoncer à vous-mêmes et prendre votre croix « chaque jour », précise l’évangile. C’est tellement radical ! Tout, en nous, se révolte à la pensée de la souffrance et nous n’envisageons jamais la réussite de notre propre vie en termes de renoncement. Pourtant, il y a dans cet appel une invitation qui force le respect et l’admiration.

« Suis-moi ! » : voilà ce que Jésus nous dit aujourd’hui. L’enjeu vaut la peine qu’on se lance à la suite du Christ. C’est le beau risque de la foi !

 

Richard Depairon, curé-pasteur