Réflexion de la semaine

Pentecôte, c’est Pâques à son apogée !

 

« Votre cœur se réjouira », avait dit Jésus. Les disciples étaient loin d’imaginer à quel point ! Cette joie amorcée à Pâques, encore timide, à peine croyable, voici qu’elle fuse en un enthousiasme tel qu’on croît les disciples pris de vin. Si Pâques commence discrètement dans le secret de la chambre haute, au crépuscule du soir à Emmaüs, sur le rivage de Galilée, aujourd’hui, jour de la Pentecôte, la fête éclate au grand jour et avec éclat.

Les disciples n’ont plus peur, parce qu’ils sont habités d’une présence divine. La communauté tout entière vibre au rythme de l’Esprit. Dès lors, ils comprennent que le lieu de la présence divine n’est plus limité au Temple de Jérusalem, mais dans le cœur de l’homme et de la femme. C’est en nous que Dieu fonde désormais son espérance et sa promesse.

Cette fois, cette expérience, cette présence, ils vont les communiquer aux quatre coins du monde. Ce qui est né dans les eaux du baptême, la nuit de Pâques, va être, au grand Jour, affermi, confirmé dans le feu ; édifié, sanctifié par l’Esprit.

 

C’est toujours Pâques, c’est même l’accomplissement pascal. Pâques et Pentecôte ne sont donc pas, à proprement parler, deux fêtes différentes, elles célèbrent le Ressuscité transformé par l’Esprit et l’Esprit envoyé par le Ressuscité. Tout est déjà en germe à Pâques, mais aujourd’hui, en ce jour de la Pentecôte, le bourgeon gonfle, éclate avec force et conviction.

 

Les disciples n’ont plus peur, parce qu’ils sont habités d’une présence divine. La communauté toute entière vibre au rythme de l’Esprit.

Saint Jean condense le mystère pascal en un seul épisode. Il en a une vue globale, encore plus serrée. Pour lui, tout est accompli déjà sur la Croix (Jn 19,30). Jean voit la Résurrection déjà réalisée avec la mort de Jésus ; avec un de ces jeux de mots dont il a le secret, il dit que le Fils de l’Homme doit être « élevé » ; ce mot, qui fait penser à l’élévation en Croix, signifie aussi l’élévation dans la gloire, puisqu’alors Il attirera tout à lui (Jn 12,32). Autre mot génial au double sens : Jésus sur la croix remit l’esprit (Jn 19,30.34) : Il remet son esprit au Père, Il donne l’Esprit au monde. Ici Croix, Résurrection et Pentecôte sont vues comme en un seul acte.

 

Cinquante jours pour une seule grande fête pascale dominée par l’Esprit, fête étalée dont c’est aujourd’hui le dernier jour certes, mais un dernier jour qui se prolonge dans le temps de l’Église. Cette imbrication de Pâques et de Pentecôte nous aidera à ne pas dissocier le Christ et son Esprit. Un seul Dieu se manifeste de manières diversifiées, éminemment personnalisées. Le Christ envoie son Esprit et l’Esprit met en communion avec Jésus.

Comme les apôtres rassemblés dans la chambre haute, nous voici rassemblés, attendant l’Esprit de Jésus. Nous voici convoqués et mandatés, invités et envoyés pour vivre et proposer Jésus Christ au monde.

 

Richard Depairon, curé-pasteur

     Unité pastorale Montréal-Nord