Homélie : Jeudi Saint, année C

par Richard Depairon, curé pasteur

Inspiré de plusieurs sources

 

Jésus sait que son heure est arrivée. Il célèbre pour la dernière fois la Pâques avec ses disciples. Il sait qu’il aura à souffrir, qu’il sera condamné, battu et qu’il devra mourir. C’est à la fois ce qu’il devait faire et ce qu’il fait absolument librement.

Nous y sommes. Jésus va déposer son vêtement comme il déposera sa vie entre les mains du Père. Il va laver les pieds de ses disciples. Puis, il va instituer l’Eucharistie et enfin, il va nous demander de faire cela en mémoire de lui.

 « Faire cela en  mémoire de lui » ce n’est pas simplement prendre du pain et du vin et dire les paroles conservatoires, répéter les gestes et les paroles que Jésus a faits lors de la dernière Cène. Il s’agit en vérité de suivre Jésus. De chercher à vivre comme lui, à mettre en pratique son enseignement, sa parole; penser comme lui, vivre comme lui, servir comme lui, aimer comme lui.

Faire mémoire de lui, c’est se mettre à genoux et servir. « Jamais l’homme n’a été aussi grand qu’à genoux devant son Dieu », disait Urs Von Balthasar. La messe n’aurait pas de sens si elle ne se limitait qu’à un rite, qu’à une répétition de gestes et de paroles. La messe, toutes les messes doivent s’ouvrir sur le monde.

Le lavement des pieds et le sacrement de l’Eucharistie sont donc les manifestations d’un même mystère d’amour confié aux disciples et à nous tous « pour que—dit Jésus—vous fassiez, vous aussi, comme moi j’ai fait pour vous » (Jn 13,15). C’est ce dont nous sommes appelés à faire mémoire à chaque Eucharistie.

N’oublions jamais que l’Eucharistie doit se prolonger au-delà des portes de l’église, elle est appelée à sanctifier notre monde, à le transformer de l’intérieur. Mais ça ne sera possible que si nous sommes auprès des gens, là où ils sont, au lieu de leur dire là où ils devraient être. Au lieu de critiquer ceux qui ne viennent pas à la messe, allons vers eux et devenons des ambassadeurs de la parole, donnons-leur le goût de rencontrer Dieu là où ils vivent.

Aucune parole ne parlera aussi fort qu’un geste de solidarité vécu dans l’humilité. Avant de parler, avant de prêcher, cherchons donc à imiter Jésus qui s’est fait le serviteur de tous, qui s’est fait proche des pauvres, qui s’est laissé toucher par les gens et les a écoutés, consolés, pardonnés, relevés. Il s’est donné totalement alors n’hésitons pas à donner le meilleur de nous-mêmes.


     Unité pastorale Montréal-Nord