Homélie : 30e dimanche du temps de l'Église, B

par Richard Depairon, curé pasteur

Inspiré de plusieurs sources

 

Jésus sortait de Jéricho. Autour de lui, ses disciples et une foule, nombreuse, oppressante. Au bord de la route, à l’écart, rejeté, à côté du chemin, un mendiant aveugle. Son nom : Bartimée. Que sait-on de lui ? D’où vient-il ? Est-il né aveugle ? Pourquoi reste-t-il à côté du chemin ? Et pourquoi le rejette-t-on ?

Nous savons qu’il est le fils de Timée, c’est déjà ça. Nous savons qu’il connaît Jésus, puisqu’il se met à crier lorsqu’il apprend que Jésus est proche. Nous savons enfin qu’il est déterminé, obstiné même. Il ne se laisse pas démonter par la foule qui veut l’empêcher de voir Jésus. Il crie à deux reprises.

Il est là, aveugle et mendiant, donc totalement dépendant des autres. Et les autres ne lui font pas de cadeaux. On ne lui parle pas. On ne le regarde pas. On ne le touche surtout pas. Il est seul, isolé, oublié.

Des gens comme lui, il y en a plein dans nos rues. Quêtant un peu d’argent, un peu d’attention. Parfois, ils n’osent pas parler, d’autre fois, ils crient leur frustration, ils hurlent. Qu’est-ce qu’on fait pour eux ? L’autre jour, un jeune m’a tendu la main pour me demander un peu d’argent. J’ai figé sur place et j’ai dit non merci ! « Non merci ! », comme s’il m’offrait quelque chose que je ne désirais pas. J’ai manqué une belle occasion de vivre l’évangile, me suis-je dis.

Parfois, j’ai l’impression d’être de cette foule. Fière de suivre Jésus, de marcher vers le Temple, et de ne pas voir tous ces gens qui sont laissés pour compte. Ceux et celles qui sont « à côté du chemin », comme on dit : les pauvres, les mendiants, les estropiés, les poqués de la vie.

Heureusement que Jésus est là pour nous rattraper. « Appelez-le » dit-il à la foule. Pourquoi demande-t-il à la foule de faire cette commission ? Ça aurait été tellement plus simple qu’il se rende lui-même près de l’aveugle. Mais Jésus préfère passer par des intermédiaires. C’est un fait intéressant et qui en dit long sur la manière de faire de Jésus.

Et Jésus demande : « que veux-tu que je fasse pour toi ? ». Comme si ce n’était pas assez évident ! Allo Jésus… il est aveugle !!! Mais Jésus sait ce qu’il fait, il comprend la situation, mais il force l’aveugle à préciser sa demande : « Fais que je voie ». « Va ». Il le remet en route, ajoutant tout de suite après : « ta foi t’a sauvé ». Et Bartimée va « suivre Jésus ».

Voilà donc un pauvre homme dont le désir va évoluer, s’amplifier, s’épanouir, grâce au Christ. Au début, ce qu’il cherche, c’est simplement subsister : il mendie. Ensuite, ce qu’il réclame, c’est de « voir ». Mais voici du nouveau : Jésus ne lui donne pas simplement de bons yeux, il lui offre le salut. Il lui donne un sens à sa vie.


     Unité pastorale Montréal-Nord